Musée des Tapisseries, Aix-en-Provence
L’exposition Loops of the loom est imaginée et produite par LABgamerz dans le cadre de la Biennale d’Aix et de Chroniques. Biennale des Imaginaires Numériques.
Soutien : Espace Multimédia Gantner.
Partenaires : Musée des Tapisseries, Anonymal, Radio Zinzine, Hexalab, ESAAix – École Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence.
Crédits photos : Luce Moreau.
Remerciements : Paul Destieu, Luce Moreau et Jean-Marie Boyer.
Musée des Tapisseries, Aix-en-Provence
Loops of the Loom – littéralement « boucles de métier à tisser » – est une exposition de Cécile Babiole présentant un nouveau corpus d’œuvres développé pendant une résidence à LABgamerz, à Aix-en-Provence, en 2023-2024. Via une recherche à la fois anthropologique et technologique sur le tissage, l’artiste propose une réflexion et une expérience contemporaine autour des pratiques à la base de la collection historique de tapisseries dans l’ancien Palais de l’Archevêché.
En réalité, Loops of the Loom fait confluer plusieurs axes de recherche et démarches que Cécile Babiole explore depuis des années : les interactions entre genre et technique, entre technique et art, entre art plastique et art sonore, entre son et langage, entre langage et genre… Dans une boucle qui l’amène à travailler autour du tissage dans ses possibilité de traduction orale et sonore, dans son lien à l’histoire de l’algorithme, dans ses connotations sociales et notamment genrées.
Le tissage est une des premières technologies humaines inventées vraisemblablement par des femmes dès le néolithique ; elle requiert des capacités scientifiques (arithmétique, géométrie, algorithmique) et peut être considérée comme le lointain ancêtre de l’informatique en passant par l’étape du métier Jacquard qui, finalement, n’est que la mécanisation astucieuse d’un processus bien antérieur. A partir de ces héritages et ces connexions, Babiole a commencé un travail d’exploration du tissage qui l’a amenée à croiser plusieurs champs disciplinaires et à expérimenter dans plusieurs directions.
Avec la première série de tissages sonores qui donne le titre à l’exposition, Loops of the Loom, elle s’inspire des tissages issus des sociétés matriarcales préhistoriques ainsi que de ceux présents dans les mémoires vives magnétiques des ordinateurs des années 1955 à 1975. Ainsi, à l’aide d’un métier conçu pour ce projet, elle tisse des fils électriques capables de transmettre des signaux audio et de traduire les motifs en partitions sonores. Pour l’installation Radio TXT, elle tisse une antenne radio en câbles audio pour diffuser l’audioguide de l’exposition : une émission autour du tissage et une collecte d’anecdotes et de récits entremêlant références artistiques et histoire populaire. Pour la performance filmée Tisser la terrain de football, elle tisse un terrain de football en marchant de long en large à l’aide d’un GPS. Enfin, pour la performance Sur le Fil, conçue pour le vernissage de l’exposition, elle inspecte au microscope les fibres qui constituent ses vêtements et énumère la composition des textiles.
Entre performance et installation, entre humour et critique sociale, entre préhistoire des techniques et archéologie des médias, le projet dévoile une approche technoféministe de ce savoir et savoir-faire souvent invisibilisé et relégué au statut de décoration.
Cécile Babiole est une artiste active dès les années 80, dans le champ musical d’abord, puis dans les arts électroniques et numériques. Elle associe dans ses créations arts visuels et sonores au travers d’installations et de performances qui interrogent avec singularité et ironie les technologies. Ses derniers travaux s’intéressent à la langue (écrite et orale), à sa transmission, ses dysfonctionnements, sa lecture, sa traduction, ses manipulations algorithmiques (Copy that, Conversation au fil de l’eau, Leçon de vocabulaire, Spell, Disfluences, Copies non conformes, Les voix suspendues, etc). En 2016, elle co-fonde le collectif Roberte la Rousse, groupe cyberféministe qui travaille sur les thématiques croisées langue, genre et technologie. Elle est par ailleurs membre, depuis 2013 du collectif d’artistes-commissaires Le sans titre. Parallèlement à son activité d’artiste, Cécile Babiole est commissaire d’exposition indépendante. Sa dernière exposition : Hadaly et Sowana, cyborgs et sorcières propose une relecture contemporaine et féministe de L’Ève future à L’Espace Gantner, Bourogne (2019-2020). Son travail a été exposé internationalement : Centre Pompidou, Gaité Lyrique – Paris, IMAL – Bruxelles, Mutek, Elektra – Montréal, Fact – Liverpool, MAL – Lima, NAMOC – Beijing, … et distingué par de nombreux prix et bourses : Ars Electronica, Locarno, prix SCAM, Bourse Pierre Schaeffer, bourse Villa Médicis hors les murs, Transmediale Berlin, Stuttgart Expanded Media Festival.