Géraud Soulhiol
Le projet « Arena » de Géraud Soulhiol fait suite à une résidence mise en place par M2F Créations en 2013 et présenté au festival Gamerz 09.
Ewen Chardronnet : Peux-tu nous parler de ce que tu comptes présenter à Gamerz ?
Géraud Soulhiol : Ce qui va être présenté à Gamerz s’intitule le « Projet Arena ». C’est un travail qui fait suite à la série de dessins « Arena » que j’ai réalisé entre 2009 et 2011, et qui avaient pour sujet les stades de football, les stades et les arènes en général. C’est donc un dialogue entre un travail de dessin pur et sa possibilité de se prolonger vers la trois dimensions, de travailler sur l’idée de maquettes, et pour la monstration, de proposer cela comme une sorte de collection de projets architecturaux un peu fous. Il y aura une série de maquettes mais aussi d’autres travaux, des dessins réalisés avant et après le travail sur la 3D. L’idée est de présenter un ensemble d’œuvres qui vont du dessin sur papier vers le dessin en trois dimensions (en passant par des travaux de photo-montage), de montrer des visions de contres-architectures, de venir prendre le stade en tant qu’objet et, de le contraindre, l’extruder, de le transformer en gratte-ciel, de le retourner, afin d’en annuler la fonction première. Par le biais de ces jeux formels, on se retrouve devant des sortes de temple, des choses un peu écrasantes et démesurées.
EC : Par exemple, il y en a un qui prend la forme d’une pagode…
GS : Oui, en fait la première série Arena était une série où je prenais des stades existants sur lesquels j’additionnais d’autres architectures, des cathédrales, des usines, des châteaux-forts, comme une espèce de collision entre plusieurs architectures, présentées au milieu d’une page blanche, un peu comme des forteresses déchues au milieu d’un désert. Le nouveau travail présente trois modèles 3D et est basé sur des formes réelles. Par exemple ce stade extrudé en forme de pyramide, qui ressemble à une pagode asiatique, c’est un jeu formel qui a pour base le Signal Iduna Park de Dortmund, un des plus grands stades d’Europe, assez imposant au niveau de ses tribunes, et j’ai décidé de le retourner, d’en additionner des gradin ce qui crée une forme un peu excentrique, retournée vers la ville.
EC : Par rapport au passage du dessin au logiciel, tu as voulu travailler avec des logiciels spécifiques, des logiciels d’architecture, de design, de dessin ? Cela t’a posé des contraintes ?
GS : J’ai voulu travailler à la base avec des logiciels assez simples, voir gratuits, comme Google SketchUp et j’ai travaillé là-dessus jusqu’à que l’on passe à des logiciels beaucoup plus pointus, comme 3DS Max ou Blender, pour créer des animations spécifiquement pour l’hologramme, et aussi pour pouvoir passer par la Makerbot et ainsi imprimer des maquettes. Cela m’a posé effectivement de nouvelles contraintes, dès que j’ai commencé, j’étais dans cette idée de dessin, sur mes modèles, il n’y a pas de plaquages de textures, de faux-semblants, on est vraiment devant des formes fermées, qui demandent d’être minutieux, de rentrer dans le détail, de travailler avec l’idée de miniature. J’aime l’idée d’enfermer, par un jeu de rapport d’échelle, le regardeur dans ces portions de territoire.
EC : Quelle impression tu retires de travailler avec l’holographique ?
GS : Ce qui m’intéressait dans le passage à l’hologramme, c’est cette impression de maquette mouvante, d’être dans la projection virtuelle d’un objet complètement fou qui peut paraître réalisable. De même, ce qui m’attire dans l’impression stéréolithographique, c’est de créer de la maquette à partir d’un fichier 3D. Ce que j’ai aussi trouvé amusant en travaillant avec ça, c’est aussi le travail de la ligne, c’est une machine qui imprime des lignes, mais qui monte en trois dimensions, on retrouve alors cette fragilité, cette notion du dessin. Mon travail est aussi du l’ordre du jeu, donc je voulais travailler avec d’autres technologies, explorer de nouveaux médiums, ce qui ne peut qu’ouvrir mon travail.
EC : Quel est l’étape suivante ? T’intéresses-tu à d’autres types d’architectures monumentales ?
GS : Je m’intéresse de plus en plus à l’idée de territoire cartographique, je réalise un travail de cueillette sur le logiciel Google Earth, comme dans « le Territoire des Stades » présenté dans le cadre du « Projet Arena ». Mon travail est artistique, poétique, humoristique aussi, et la collection est un grand thème de ma démarche. Je m’intéresse aussi aux montagnes russes, aux luna-parks, aux villes comme Las Vegas, Dubaï, , Abu-Dhabi, etc. À la réplique aussi, les répliques de monuments, la Tour Eiffel par exemple. J’aime aussi les parcs de miniatures, l’idée de la maquette m’intéresse aussi là-dedans. Et de manière générale, les architectures-monuments qui sont là pour accueillir le public, où on peut se projeter.
Entretien réalisé par Ewen Chardronnet.
Résidence de création coproduite par Marseille Provence 2013 et M2F Créations.
http://www.geraudsoulhiol.com/