Cécile Babiole
Résidence de recherche et de développement au Lab GAMERZ
Printemps 2023
Lab GAMERZ accueille l’artiste Cécile Babiole dans le cadre d’une résidence à Aix-en-Provence dédiée à un temps de recherche et de développement autour du projet Loops of the loom.
À propos de Cécile Babiole :
http://babiole.net/
Cécile Babiole est une artiste active dès les années 80, dans le champ musical d’abord, puis dans les arts électroniques et numériques. Elle associe dans ses créations arts visuels et sonores au travers d’installations et de performances qui interrogent avec singularité et ironie les technologies. Ses derniers travaux s’intéressent à la langue (écrite et orale), à sa transmission, ses dysfonctionnements, sa
lecture, sa traduction, ses manipulations algorithmiques (Copy that, Conversation au fil de l’eau, Leçon de vocabulaire, Spell, Disfluences, Copies non conformes, Les voix suspendues, etc).
En 2016, elle co-fonde le collectif Roberte la Rousse http://robertelarousse.fr/, groupe cyberféministe qui travaille sur les thématiques croisées langue, genre et technologie. Elle est par ailleurs membre, depuis 2013 du collectif d’artistes-commissaires Le sans titre http://lesanstitre.net/.
Parallèlement à son activité d’artiste, Cécile Babiole est commissaire d’exposition indépendante. Sa dernière exposition : « Hadaly et Sowana, cyborgs et sorcières » propose une relecture contemporaine et féministe de L’Ève future, à L’Espace Gantner, Bourogne (2019-2020).
Son travail a été exposé internationalement : Centre Pompidou, Gaité Lyrique – Paris, IMAL – Bruxelles, Mutek, Elektra – Montréal, Fact – Liverpool, MAL – Lima, NAMOC – Beijing, … et distingué par de nombreux prix et bourses : Ars Electronica, Locarno, prix SCAM, Bourse Pierre Schaeffer, bourse Villa Médicis hors les murs, Transmediale Berlin, Stuttgart Expanded Media Festival…
À propos de Loops of the loom :
Loops of the loom peut être littéralement traduit par « boucles de métier à tisser ». Il s’agit d’un projet d’œuvres multiples tissées à partir de fils électriques, ces câbles sont capables de transmettre des signaux audio, si bien que ces tissages sont aussi des pièces sonores.
Tissage électrique
Le projet s’appuie sur le fait que le tissage est par essence algorithmique puisque tout tissu est formé de fils qui s’entrecroisent selon un « pattern » récurrent que l’on désigne par le terme technique d’armure. L’armure d’un tissu est en effet le schéma ou l’algorithme qui détermine la façon dont les fils de trame sont tissés avec les fils de chaîne, c’est-à-dire le mode et le nombre d’entrecroisements des fils de trame au dessus et en dessous des fils de chaîne. Les armures de base sont la toile, le sergé, le satin, à partir desquelles de nombreuses autres combinaisons ou armures dérivées peuvent être construites.
Partition musicale
L’armure des différentes pièces de Loops of the loom complétée par les différentes couleurs des fils de trame et de chaine utilisés forment ensemble les motifs des tissages. Ces dessins sont interprétés comme des partitions de séquences rythmiques, dont chaque point (croisement d’un fil de chaîne et d’un fil de trame) forme une unité temporelle de base, comme le pas d’un séquenceur. La suite
spatiale des motifs visuels devient l’enchaînement temporel des motifs sonores. Les couleurs des fils déterminent les instruments, les passages sur ou sous la chaîne détermine la hauteur des sons. Le temps s’écoule verticalement le long de la chaîne et la succession des trames est traduite par des phrases sonores.
De la préhistoire aux mémoires vives à tores de ferrite
Le tissage est une des premières technologies humaines inventées par les femmes dès le néolithique. Cette technologie requiert des capacités scientifiques (arithmétique, géométrie, algorithmique) et peut être considérée comme le lointain ancêtre de l’informatique en passant par l’étape du métier Jacquard qui n’est finalement que la mécanisation astucieuse d’un processus bien antérieur (sources : La théorie de la Fiction-Panier de Ursula K. Le Guin 1986, Zeros and Ones Digital Women and the New Technoculture de Plant Sadie 1997, le chapitre « La femme cette scientifique » in Au commencement était…de David Graeber et David Wengrow, 2021).
L’inspiration de ce projet se réfère autant aux tissages issus des sociétés matriarcales préhistoriques qu’à ceux présents dans les mémoires vives magnétiques incorporant des tores de ferrite des ordinateurs des années 1955 à 1975.
Écouter l’entretien de Cécile Babiole sur Radio Zinzine
Rencontre avec l’artiste Cécile Babiole
Présentation et performance participative Tisser des liens
Mercredi 12 avril, à partir de 19h en partenariat avec la Maison de la jeunesse et de la culture Prévert, Aix-en-Provence
Entretien avec l’artiste Cécile Babiole | Anonymal TV