Driss Aroussi
Installation, scanner, cadre numérique, raspberry pi, programme, écran, 2017
Production : M2F Créations
Programmation : Grégoire Lauvin
Crédit photographique : Luce Moreau
Le mot magie est l’anagramme d’image, cela étant dit on peut affirmer que depuis l’invention de l’image photographique notre imaginaire n’a cessé de se construire à travers le prisme de la reproduction du réel par des procédés mécaniques. Dans l’ombre de la photographie, plane l’invisible complexité technologique de l’appareil (black box) et puis nous réalisons des photographies comme par enchantement. La visionneuse est un mot qui marque une époque et qui indique le fait de voir grâce à un dispositif optique. Cette visionneuse donne à voir le résultat d’une hybridation entre appareils domestiques (un scanner, un cadre numérique et un microordinateur) qui par leur combinaison met en abyme la production et la restitution des images. Pour cette machine j’ai utilisé des images trouvées et récupérées sur des supports multiples (carte mémoire, disque dur, disque, etc.), ce qui pose la question de l’archéologie technologique. De ce dispositif émergent des images aux combinaisons aléatoires, des objets visuels tramés, des endroits ou se réinventent des possibles images nouvelles.
Driss Aroussi dont le travail photographique est polysémique, emprunte plusieurs pistes de recherche, navigant entre expérimentation et forme proche du documentaire : ces deux parts du travail (auxquelles s’ajoutent le dessin et la vidéo) articulent une forme d’engagement à l’envie d’inventer toujours à l’endroit où il se trouve. Dans sa pratique Driss fait appel à ce qui permet de reproduire le réel, et s’intéresse au processus qui fait advenir l’image, mais peut aussi l’altérer. Loin d’une esthétique lissée ou d’une envie de faire des images spectacles, sa démarche se veut intuitive, prosaïque, parfois un peu flottante dans ces méthodes de captation et de restitution. Explorant les limites de la photographie, il aime à détourner ou mixer différentes techniques. Ainsi il bricole des dispositifs, hybridant les procédés photographique (argentique, numérique, scan, etc.) afin de repousser jusque dans ces retranchements, la fameuse black box opaque et autonome ainsi nommée par Vilém Flusser dans son livre « Pour une philosophie de la photographie » en détournant le champ d’action programmé de l’appareil capteur enregistreur.
http://documentsdartistes.org/artistes/aroussi/repro.html
http://www.drissaroussi.com